Immobilier
Plus de 50% d’inflation sur la location du logement
La campagne d’aménagement de la ville de Yaoundé entamée par le Délégué à la Communauté
Urbaine
de Yaoundé, accompagnée de l’augmentation du prix du ciment entraînent une augmentation de la demande des maisons à louer et par ricochet la hausse des prix du loyer
« Trouver un domicile en location dans la ville de Yaoundé c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin », s’exclame Marcel, un étudiant. Depuis le début de la journée, il est à la recherche d’un logement dans l’un des quartiers avoisinant le Campus universitaire de Yaoundé, en vain. Colin, tailleur, rencontre lui aussi le même problème. Habitant le domicile de ses parents, il souhaiterait sortir du toit familial. Mais après une semaine de recherche, aucun espoir. « Ca relève de la chance, s’exclame-t-il. Tout près de notre maison on m’a montré une chambre libérée il y avait seulement une journée. Mais quand je suis allé voir, elle avait déjà été reprise par une autre personne », ajoute-t-il étonné.
Pour ceux qui en trouveraient, il faut compter entre 12 000Fcfa et 20 000 Fcfa pour trouver une chambre qui coûtait entre dix et quinze mille francs il y a quelques mois. Les maisons à plusieurs pièces sont celles qui ont le plus enregistré de hausse. Selon Alain, agent immobilier, « il faut prévoir entre 50 000 Fcfa et 100 000Fcfa par mois pour une maison de trois chambres avec cuisine et douche. Dans certains quartier au standing plus élevé, le prix pourrait tripler, voire quatripler ».
La campagne d’aménagement de la Capitale
politique par le Délégué du gouvernement auprès de la Communauté Urbaine
de Yaoundé, Gilbert Ntsimi Evouna, en est la principale cause. En un an, plus de 500 000 foyers ont été détruits, sans dédommagement, ni indemnisation. Après le quartier Madagascar, elle s’est propagée dans toute la ville. Les derniers sur qui pèse l’imminence des déguerpissements sont les milliers de personnes installées aux abords du Palais présidentiel. Et pour les habitants de la Briqueterie
, quartier chaud et populeux, jouissant d’une mauvaise réputation, il faudra attendre encore un peu. Officiellement, il serait impératif d’aménager les routes de ce quartier pour répondre au problème de trafic qui se poserait après l’ouverture du très moderne palais des sports encore en construction. Mais les habitants de ce quartier se montrent hostiles. De sources dignes de foi, le Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté
Urbaine
prévoirait un déploiement de plusieurs centaines de policiers pour protéger ses agents lors du déplacement de la Briqueterie.
Ciment en hausse
Le ciment constitue un autre élément à l’origine de cette inflation sur l’immobilier. Entre 1990 et 2008, le prix du ciment est officiellement passé de 3500 F
à 4300F
. La forte demande ainsi que les hausses répétées du prix ont encouragé les spéculateurs qui s’empressent de stocker des tonnes de ciment pour les revendre à la hausse. Parfois jusqu’à 7000 Fcfa par endroit. Raoul, père de famille en a fait les frais. Il dit avoir fouillé presque toutes les quincailleries de la ville quelques temps. Un jour en cours de chemin, il aurait aperçu une semi-remorque transportant le Ciment qu’il aurait filé sur plusieurs kilomètres jusqu’à une quincaillerie située à l’autre bout de la ville. « Une fois le camion stabilisé, je me suis rendu compte que je n’étais pas le seul à le filer, dit-il. Mais il y avait aussi quelques agents du Ministère du Commerce. Qui ont pris la décision de ne vendre que deux sacs par personne pour satisfaire tout le monde. Moi j’en voulais dix », a-t-il précisé, déçu. Le prix du ciment pourrait baisser dans quelques mois, affirment certaines sources du Ministère du Commerce.
Frégist Bertrand Tchouta Tounoudjou